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DIAPHANE MONOCHROME RVB 01

Oise Picarde - École primaire Saint-André-Farivillers - CM1-CM2

 

Ateliers avec les CM1 et CM2 de l'école primaire Saint-André-Farivillers

Journal de bord par Victorine Alisse, photographe

Le 06.02.2024

Premier Atelier - “C’est quoi pour moi, être agriculteur ?”


Les élèves sont concentrés. Nous commençons la séance par parler du projet final avec le fanzine et l’exposition, puis chacun évoque son histoire familiale en lien avec l’agriculture. L’un explique que son papa est ingénieur ; il conçoit des machines agricoles. Le père d’un autre père est céréalier. Deux frères et sœurs racontent qu’ils veulent devenir agriculteurs. Les racines agricoles sont belles et bien là. Je propose aux élèves de ramener des photographies de famille qui racontent la vie agricole. Ce sera l’occasion pour les élèves d’échanger avec leur proche. Puis, je leur présente une partie de la série “On avait tous un paysan dans la famille”, en insistant sur la notion de portrait. S’ensuit des exercices sur les différents cadrages possibles et sur les prises de vues en duo dans la cour de l’école. Nous prenons le temps de regarder et de commenter quelques photographies. Ils ont maintenant les bases pour réaliser des portraits, notamment celui d’un agriculteur ou d’une agricultrice lors de la prochaine sortie. À la fin de la séance, une élève, Clémentine, vient me confier qu’elle aime beaucoup la photographie. “Beaucoup de personnes veulent aller vivre en ville aujourd’hui, mais il n’y a plus de place. Moi, j’aime vivre dans les campagnes, je veux montrer tous les jeux qui existent ici, ces paysages.”


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Le 13.02.2024

Deuxième Atelier

Nous avons aujourd’hui rendez-vous avec Benjamin Le Couteulx, agriculteur. Les élèves sont impatients. Sur le tableau, je leur indique les photographies importantes à prendre par catégorie ; paysages, bâtiments agricoles, des détails (tracteurs, etc..), le portrait de l’agriculteur et des scènes d’action. Je leur demande de n’effacer aucune photographie. La sélection se fera plus tard. Une fois les équipes constituées, nous préparons quelques questions à poser à l’agriculteur. Nous entrons dans le corps de ferme. Benjamin nous rejoint, il était en train de réparer du matériel. Il nous propose de faire un tour de la ferme. Les élèves se dispersent rapidement aux quatre coins de la ferme. Les appareils s’élèvent et les élèves vont poser directement leurs questions à cet agriculteur qui a repris la ferme de ses parents. Ils sont agriculteurs de père en fils. Ils courent à l’air libre, heureux. Ceux munis de bottes sont choisis pour aller photographier les moutons bien installés dans la paille. Quelques minutes plus tard, j’aperçois les autres arrivés, baskets pleines de boues par un autre chemin. Certains commencent par se demander s'ils peuvent photographier tel ou telle chose. J’ai bien peur qu’ils se censurent avec cette consigne de “catégorie”. Nous décidons avec Stéphanie, la maîtresse de changer de manière de faire. “Photographiez ce que vous ressentez”. C’est délicat de “guider” une création. Nous nous arrêtons devant un ancien entrepôt destiné à un élevage de poules en batterie dont la nature a pris ses droits. Ils sont curieux. Je les vois sauter sur des tas de sables, insouciants. C’est cela aussi photographier. Un prétexte pour explorer, ressentir. Benjamin leur explique les fonctions des différents bâtiments et nous parle de son métier. Il recherche en ce moment de la main d’œuvre pour le tri des pommes de terre qui seront vendus à MacCain. Il est possible que les frites de chez Macdonald viennent de chez lui, explique-t-il aux élèves. Après cette aventure, nous nous retrouvons au sec pour lui poser quelques questions sur son métier. J’enregistre quelques échanges. “J’ai envie de devenir agricultrice”, me confie Jade au moment de partir. Léone commente “ça ne doit pas être drôle quand il y a de la pluie”. Nous repartons les chaussures pleines de terre. Et les yeux, plein de souvenirs.

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Le 16.02.2024.

Troisième atelier

Aujourd’hui c’est le temps de la réflexion et de l’analyse. Les élèves ont pris plus de 500 photographies lors de notre dernière prise de vue chez l’agriculteur, Mr Couteux. J’ai préparé un dossier avec leurs meilleures photographies et un autre avec celles qui demandent discussion.

Qu’est-ce qu’une photographie réussie ? Quelle était l’intention du photographe lors de ma prise de vue ? Quelle est la part d’inconscient ?

Cette séance nous permet d’aborder la question de la subjectivité dans l’acte de photographier. Nous commençons par réfléchir aux différentes émotions qui nous traversent. Un sujet complexe aussi bien pour les enfants que pour les adultes. Je suis très étonnée par leurs réponses. Puis, nous apprenons à distinguer ce que l’on voit de ce que l’on ressent.

J’avais préparé une grande sélection de photographies avec les cadrages les plus harmonieux. Puis, avec Stéphanie, nous les avons imprimés et affiché au tableau avec une consigne : chacun peut choisir une photographie (pas forcément celle qu’il a réalisée) de son choix et y écrire à quoi cette photographie lui fait penser ou ressentir.  Comme le dirait le photographe Julien Magre qui écrit des textes qui accompagnent ses séries photographiques “Je pense que les mots confèrent parfois une autre dimension à l’image, une autre lecture, une pensée… ”.

Ces textes seront une forme de “hors champs” émotionnel lié à chacun et chacune.

Certains butent… Je ne sais pas quoi écrire…” À quoi penses-tu en voyant cette photographie ?”. D’autres, s’empressent d’aligner quelques mots sur la marge blanche. La prochaine séance sera dédiée à l’écriture finale autour des photographies imprimées sur du tirage photo.

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Le 20.02.2024.

Quatrième atelier

Les photographies sont imprimées en 10*15. Le papier Canson et les scotchs de couleurs sont prêts. Nous allons créer. Chaque élève avait préparé avec l’aide de Stéphanie un petit texte en lien avec la photographie choisit (lors de la dernière séance) avec cette thématique “Je me souviens” (en lien avec le monde agricole). Nous commençons la séance en discutant de la notion de subjectivité dans l’acte de photographier, en distinguant le “ce que je vois” du “ce que je ressens”. 

Je les invite à coller leur photographie choisit sur le papier et à écrire autour de la photographie. Est-ce que la photographie choisit leur évoque des souvenirs ? Des sensations ? Nous évoquons d’une certaine façon le hors champs émotionnel. Je suis impressionnée par leurs créations. Avec un petit groupe de quatre élèves, nous préparons des petites cartes avec des photographies choisies que nous donnerons à Benjamin Le Couteleux afin qu’il puisse écrire à son tour ses ressentis autour des photographies. J’avais montré la série “Au grand air” à Stéphanie qui avait encouragé cette forme de correspondance. Nous terminons la séance par des exercices pratiques de prises de vues en plongée et en contre-plongée.

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Le 11.03.2024.

Cinquième atelier

Nous commençons la séance par découvrir les mots de l’agriculteur Benjamin Le Couteleux inscrits autour de quelques photographies que nous lui avions envoyées. C’est une manière de l’impliquer dans la démarche photographique. Je leur propose de chercher un nom pour leur travail. Sur leur ardoise, ils écrivent leurs propositions. Ce sera “Graines de souvenirs” qui l’emporte. Puis, par groupe, je les invite à raconter cette aventure photographique. Ce qu’ils ont fait ? Ce qu’ils ont appris ? Stéphanie rappelle qu’ils ont avant tout appris à regarder. Je note leurs idées au tableau “Nous avons photographié les paysages qui entourent la ferme”, “réalisé des portraits”, “Nous avons écrit nous souvenirs”... Ce dernier aspect de la création a été une étape importante avec la classe. Ils ont ainsi mêlé la réalité à leur imaginaire, la photographie et les mots. Nous terminons la séance en observant leurs créations et en réalisant une petite sélection. Peut-être que parmi ces graines de souvenirs germeront des photographes ? 

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