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DIAPHANE MONOCHROME RVB 01

Pays du Coquelicot — Lycée Lamarck

Ateliers au lycée Lamarck à Albert 

Journal de bord par Philippe Garon, écrivain et Valentine Vermeil, photographe

Philippe Garon le 19.03.2024 en après-midi
Quatrième atelier

Malgré la distance, mon pays réussit à me faire honte. Le lundi 8 avril prochain, nous aurons droit à une éclipse solaire totale. Plutôt que d’en profiter pour tenir des activités de culture scientifique dans les écoles québécoises, comme le préparait depuis des semaines plusieurs comités de parents en collaboration avec des enseignant.e.s, je comprends que par une décision administrative, par mesure de sécurité, on donne congé aux élèves ce jour-là. Et comme une mauvaise nouvelle arrive rarement seule, j’apprends que le Festival international du journalisme de Carleton-sur-Mer, formidable événement qui en est à sa seconde édition, invite Nathalie Normandeau, l’ancienne vice-première ministre, qui a été arrêtée et accusée en 2016 pour complot, fraude, abus de confiance, corruption de fonctionnaires et utilisation de sa charge publique pour obtenir des faveurs. La population québécoise n’a cependant pas eu droit à son jugement, les procédures judiciaires ayant été abandonnées à cause de l’arrêt Jordan, décision prononcée par la Cour suprême du Canada qui fixe le délai maximal entre le dépôt d’une accusation et la tenue d’un procès.

Bref, j’ai hâte de retourner chez nous pour revoir les miens. Mais pour le reste, comme le chantait Geddy Lee, plus ça change, plus c’est la même chose.

Le groupe électrique se bonifie de deux élèves aujourd’hui, absents depuis la seconde activité. Je projette au tableau leur texte avec mes marques de corrections. En fait, il s’agit plus de remarques, de questions. Je veux les amener à prendre les décisions nécessaires pour pousser le texte aussi loin que possible. Un de nos deux revenants me laisse perplexe; il perturbe le groupe, mais il amène aussi des éléments intéressants. Mon seuil de tolérance relativement élevé aux turbulences m’évite de pogner les nerfs inutilement. Je pense savoir naviguer dans des vagues d’indiscipline, surtout quand le travail avance. Si je dois composer avec un certain brouhaha, ça veut dire que mes jeunes ne dorment pas. Au contraire, ça participe assez bien. Et en écho à une observation de Valentine, je demande à mon secrétaire du jour de ne pas effacer les multiples notes de révision dont j’ai barbouillé le document. En deux heures, on parvient à répondre à toutes mes questions, à trouver des solutions pour tous les détails que je souhaitais attirer à leur attention. Elle et ils ont bonifié, modifié, corrigé le texte avec patience devant mon acharnement. Acharnement joyeux, mais acharnement quand même. Le résultat se veut particulièrement capoté, chose logique puisqu’on partait de cadavres exquis. C’est l’heure de se dire adieu. Jusqu’au vernissage de l’exposition peut-être, on verra bien qui se déplacera pour y assister.

 

Philippe Garon le 13.03.2024
Troisième atelier

À ma demande, on se rassemble dans une classe munie d’un projecteur électronique. Ça nous permet de travailler le texte à l’écran. (À condition d’utiliser le tableau qui s’efface, et non la bonne vieille toile rétractable…) Je leur explique comment on va partir de nos ingrédients pour construire notre texte. En plus des Cadavres exquis, on peut se servir de nos bons moments des vacances et de la signification de leurs prénoms. À ça s’ajoute la possibilité de piocher dans un sac rempli de petits papiers où figurent des mots supplémentaires et des images, pour nous inspirer des possibilités abstraites. Ensemble, nous trouvons différentes actions possibles pour améliorer un texte : effacer, bouger, corriger, ajouter. Mais ça fait peut-être trop d’éléments à assimiler en même temps. Je les sens moins emballés que la veille. Puis l’utilisation de matériaux surréalistes ne facilite pas la tâche. N’empêche que je peux compter sur certains volontaires pour engager le mouvement. Tout le monde réussit quand même à participer et je repars avec beaucoup de notes. L’étape de la construction est moins facile et agréable que de générer du texte brut de manière ludique. Mais elle et ils ont relevé le défi. Maintenant, pendant que c’est frais, je vais aller mettre ça en forme en vue de notre dernière rencontre.

 

Philippe Garon le 12.03.2024
Deuxième atelier

Je retrouve avec fébrilité nos futur.e.s électricienne et électriciens. Le plaisir de se revoir semble partagé. Je leur demande de mettre les pupitres de côté et de former un cercle avec les chaises, le plus silencieusement possible. Ça peut sembler banal, mais beaucoup de groupes arrivent difficilement à réussir cet exercice. J’estime que ça me permet d’observer un peu leur dynamique. On s’assoit ensemble, autour d’un feu de camp simulé. On commence par remettre nos pendules à l’heure; ça fait sept semaines qu’on s’est vus, j’ai besoin qu’ils me redonnent leur prénom. Et un moment réussi de leurs vacances. Leur prof Renaud se prête au jeu. Je leur propose ensuite le jeu du Cadavre exquis, inventé vers 1925 par Jacques Prévert et Yves Tanguy. Chacun sa feuille, on commence par écrire un déterminant et un nom, qu’on cache en repliant le papier avant de le donner à notre voisin de gauche. On trouve ensuite un adjectif, qu’on cache lui aussi et on répète la manœuvre avec un verbe, un autre déterminant avec un nom, et enfin, un autre adjectif. Une fois le tour complété, on lit ce les résultats. Ça leur plaît. Je propose qu’on recommence, mais chacun avec un champ lexical basé sur le thème qu’elle et ils ont choisi lorsque nous nous sommes vu.e.s la première fois. Ça nous donne une autre belle fournée de phrases surréalistes. Et comme il nous reste du temps, on décide d’écrire un dernier tour, mais à partir d’un sujet choisi ensemble, soit le sport. Tout le monde semble content. Je repars avec une belle collection de phrases improbables que je m’en vais retranscrire de ce pas dans mon ordi.

 

Philippe Garon le 26.01.2024
Premier atelier

Stéphane Grapelli est né un 26 janvier. Et le comédien québécois Benoît Girard aussi. Moi, avec des géants comme ça pour souffler dans ma voile, je mets le cap sur mon groupe de futurs électriciens. Fidèle à moi-même, avec mon pétard dans le cul, je ne leur laisse même pas le temps de se demander quel énergumène je suis. Me voilà déjà embrayé en cinquième pour leur démontrer cette évidence par la méthode empirique. On va bien s’amuser. Je les embarque, je les déroute, je les questionne, je les talonne, je les divertis, je les torture, je les applaudis. Je les amène à participer. De gré ou de force. À ma demande, les voilà sur leur téléphone cellulaire pour chercher la signification de leur prénom. Je suis un monstre de manipulation. Je nous mijote en criant pinotte une complicité et me prend moi-même au jeu; voilà que je les aime. Je les trouve drôles, francs, allumés. Ç’a pas niaisé! En deux heures, je me surprends de notre efficacité. Elle et ils repartent sans rechigner avec le devoir de m’écrire une petite histoire à partir des ingrédients dénichés ensemble pendant la période. Me voilà fier d’être content. Presque persuadé du devoir accompli. Si je buvais encore, je partirais sur une méchante bonne brosse tiens! Mais non. Une petite verveine tiède, ce sera parfait.

 

26 janvier 

 

 

Valentine Vermeil le 25.01.2024
Troisième atelier

3eme séance du groupe au lycée Lamark, Il va falloir les secouer un peu, certains jouent le jeu et s’investissent, d’autres sont influencés par le dur qui ne s’intéresse à rien. Aujourd’hui jeudi, nous avons regardé les photos d’avant hier, je leur ai montré des références de portraits avec attributs pour stimuler leur créativité. Killian est venu avec des appâts de pêche, Lenny a tout son attirail d’électricien, Nathéo son ballon de basket et Nathan a apporté sa lampe saturne. C’est formidable, nous allons pouvoir travailler sérieusement ! 

 

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Valentine Vermeil le 22.01.2024
Deuxième atelier

2eme séance du groupe au lycée Lamark,  nous allons passer à la pratique. J’ai apporté 3 appareils réflex et deux réflecteurs, à partir de mon site, je leur montre ce que j’attends d’eux. Le soleil est présent, j’en profite pour leur demander d’expérimenter le portrait serré avec et sans réflecteur. Ils doivent aussi revenir avec d’autres portraits en pied avec un fond choisi. Puis, nous discutons à nouveau la mise en scène que chacun projette de faire pour son portrait. Certains s’emparent du sujet, d’autres restent sur la touche. La prise en main des appareils fonctionne bien, ils jouent les durs devant la caméra. 

 

 

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Valentine Vermeil le 16.01.2024
Premier atelier

Je suis au lycée Lamark, avec une classe de 1re électricité. C’est une petite classe d’une dizaine d’élèves, beaucoup de garçons et une fille. Pour faire connaissance, je reprends plus ou moins le même dispositif que la vieille, les questionnant sur les traditions locales, leurs activités et leurs passe-temps. J’essaie de trouver des particularités chez les uns et chez les autres, les jeux vidéos, le foot, le vélodrome, la chasse, le lycée. Je leur parle de mon activité en leur montrant mon site internet, certains travaux et les portraits. Étant donné leur section, j’ai surtout envie de les faire travailler sur la lumière et sur leur identité. Avec Émilie leur professeur, nous essayons de stimuler leur créativité et les possibilités qui s’offre à nous au sein de l’établissement, ça devrait donner des choses intéressantes !

Les deux prochains ateliers ont été décalé suite aux alertes météo.. Malgré le grand ciel bleu, on annonce de la neige. Aucun bus scolaire ne fonctionnera et les personnes âgées ne sortirons pas de leur appartement. Effectivement, mercredi matin le temps est brumeux, un peu de neige fondue est tombée dans la nuit.. cela va s’intensifier dans l’après-midi. Jeudi j’en profiterai pour aller faire des images de paysages enneigés.

 

 

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Albert


diaphane.org