Journal de bord en commun par Jihane Bergaoui et Marc Loyon, photographe

Marc Loyon le 12.03.2024
Premier atelier

Nous sommes de suite dans une commune plus importante, l’école est plus grande, des places de parkings pour déposer nos chers enfants. Cette charpente en bois retenant le préau, lui-même assez vaste, m’attire de suite. De grands couloirs décorés desservent les différentes classes. J’aperçois en hauteur les anneaux des Jeux Olympiques…

Je me présente et aborde la particularité de mon approche photographique: le paysage et l’architecture. Je leur précise que notre métier nous permet d’entrer dans des lieux souvent fermés… et que bientôt, ce sera leur tour! Il me parle des industries du territoire.

On regarde différents matériels de prises de vues, un boitier 6x6 cm, un reflex, un compact, une camera obscura… Je leur présente à suivre quelques images personnelles, nous parlons de composition, des différents plans, de la perspective,…

Gaelle, l’institutrice, aborde le projet de cette année: les jeux olympiques. Nous parlons de cette entreprise de Formerie, fabricant de lanceurs de cibles pour le ball trap, avec à son palmarès, la production de cibles pour les Olympiades de Tokyo, Londres et actuellement Paris. Une élève nous précise que son papa y travaille!

C’est le moment d’aborder notre sujet et de leur dire que cette industrie de Formerie va nous ouvrir ses portes pour que l’on puisse photographier et interviewer avec Jihane, journaliste intervenante dans la classe de Peggy. Ils sont tous impatients d’aller faire des photos, de sortir, de manipuler l’appareil photographique,… Nous restons sous le préau, il pleut averse, et je les incite à observer leur paysage du quotidien, de s’arrêter.

On regarde rapidement leurs photographies, nous prendrons plus de temps la prochaine fois pour observer leurs images. 

Prochaine étape: découvrir et réaliser des images du bâtiment extérieur de l’entreprise Laporte, avant d’entrer dans cette industrie lors de la troisième séance.

Marc Loyon le 12.03.2024
Deuxième atelier

La météo est favorable, pas de pluie, un grand soleil, nous avons hâte de partir en prises de vues… Je suis accueilli par un élève qui me dit qu’il est content de me revoir, c’est très agréable…

Mais c’est avant tout le moment de faire un point sur leurs images de la séance précédente. On évoque ma sélection, pourquoi j’ai gardé cette image plutôt qu’une autre, ils me parlent de leur choix. On s’aperçoit que les appareils ont beaucoup bougé, que les images sont floues, on parle de flou artistique, voulu et involontaire….

On corrigera pendant cette session de prises de vues. Nous partons en file indienne et commençons à longer la zone industrielle de Formerie. Nous allons découvrir les abords de l’entreprise Laporte qui nous ouvrira ses portes dans 15 jours…

Nous empruntons un chemin et arrivons à l’arrière de l’entreprise où la matière première est à charger, un premier camion repart, « préparez-vous avec vos appareils ». 

La grille est ouverte, un homme avec ses EPI (Equipements de Protection Individuelle) s’avance vers nous, le papa d’une élève! Il pose devant les objectifs… nous rentrons avec en tête les cuves de couleurs bleu et rouge à l’arrière de l’entreprise, les portraits du papa, et ce territoire entre industries et champs.

Nous prenons le temps de visualiser les travaux de chacun: la météo favorable du moment, l’attention particulière du cadrage, la variété des plans augure d’une production photographique de qualité…

Beaucoup de portraits du papa font réagir l’intéressée, assez émue devant le groupe!

Jihane Bergaoui le 28.03.2024
Premier atelier

Comment entrer dans des lieux, à côté de chez nous, qui sont habituellement fermés ? Voire interdits ? C'est cette question qu'on avait envie d'aborder avec Marc dans ce projet d'école un peu particulier : nous travaillons ensemble, sur le même sujet, mais avec des groupes différents. Il accompagne la classe de CE1-CE2 de Gaëlle pour les photos. De mon côté, je suis avec les CM1-CM2 de Peggy pour réfléchir et préparer le reportage journalistique. Dans deux semaines, nous irons ensuite "sur le terrain" tous ensembles, en mêlangeant les élèves des différents niveaux. Ils seront en charge à la fois de photographier les lieux, les détails, les personnes...et de prendre des notes, de regarder autour de nous ce qu'il se passera, de mener une série d'interviews.

Mais avant cela, un reportage, ça se prépare. Et on commence surtout à réfléchir à la façon dont les journalistes produisent et vérifient leurs informations. Après le petit jeu du bouche-à-oreille, qui illustre une nouvelle fois à quel point les histoires se déforment vite, on regarde des photos, comme celle de Burger King. Grâce à cet exemple, les enfants prennent conscience de la différence entre une pub qui cherche à nous faire rêver et sortir notre porte-monnaie...et une information "de qualité", qui n'a rien à nous vendre.  

Pendant 2 heures, les élèves prennent le temps de questionner mes histoires, mes sources, d'observer en détail les photos, d'analyser les situations. Ils débattent de ce qui peut être vrai, faux, logique ou incohérent. Des échanges riches et pertinents pour cette classe très concentrée, que je retrouve dès la semaine prochaine.

Jihane Bergaoui le 02.04.2024
Deuxième atelier

Après le long weekend de Pâques et le changement d'heure, le réveil était difficile pour tout le monde. Mais la séance est importante : il faut préparer notre futur reportage dans l'entreprise Laporte à Formerie, qui nous ouvre exceptionnellement ses portes. L'objectif est de faire comprendre aux élèves qu'on ne va pas sur le terrain sans « travailler » notre sujet  : nous devons d'abord nous renseigner sur le lieu, essayer de comprendre quels objets sont fabriqués dans l'usine. Et puis, il faut aussi réfléchir aux questions que les journalistes en herbe poseront au directeur et aux employés. 

Pour être prêt le jour J, rien de mieux que de se mettre en condition...et d'interviewer la maitresse avec casque et micro. Bien formuler son idée, écouter, rebondir : pendant près de 30 min, Peggy joue le jeu et répond à toutes leurs interrogations sur son métier, son plat préféré ou ses vacances idéales. Seul son âge restera un secret bien gardé, malgré les multiples relances. Mais les élèves sont prêts à mener leurs interviews sur le terrain.

 Jihane Bergaoui et Marc Loyon le 09.04.2024
Troisième atelier

C’est le grand jour ! Aujourd'hui, nous sommes accueillis par l’entreprise Laporte. Et quel accueil pour les deux groupes d’élèves : bonbons, jus de pomme et d’orange… devant un organigramme et une présentation vidéo du groupe. Plusieurs enfants reconnaissent un oncle, une maman, une voisine ou un grand-père.

De suite, nous comprenons l’ampleur de l’entreprise et découvrons les multiples cibles pour le ball trap: 80 % de la fabrication à l’export, 94 pays distribués… Attention à ne pas photographier certaines machines, outils essentiels de la fabrication, pour des raisons de secrets industriels. Nous entrons dans un couloir sombre avec des traces de pigments orangés, le décor est impressionnant. Les élèves s'étonnent de l'odeur très forte et du bruit assourdissant.

Les deux classes de photographes et journalistes sont regroupées afin d’alterner prises de vues et interviews. Tout est prétexte à être capté : sols, détails des vêtements de travail, cuves, chaine de montage, robot… Plusieurs employés prennent le temps de répondre aux questions sur leur métier, le processus de fabrication. Tous témoignent de leur fierté de travailler pour le groupe Laporte. 

Nous repartons tous avec des cibles de couleurs et promis, nous serons attentifs au Ball-trap cet été pour les Jeux Olympiques de Paris !

Un grand merci à l’entreprise Laporte pour cet accueil.