Oise Picarde - Ateliers avec les bénévoles de l’épicerie solidaire de Breteuil
Ateliers avec les bénévoles de l’épicerie solidaire de Breteuil - La terre nourricière
Journal de bord par Victorine Alisse, photographe
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Le 14.02.2024
Premier atelier - “La terre nourricière”
Aujourd’hui, Le temps est pluvieux. C’est autour d’une table en bois, que je retrouve un groupe de femmes bénévoles ; Yasmina qui gère l’épicerie, Lola, Chantal, Mandine et Dominique. Je ressens dès les premiers échanges que la photographie évoque à leurs yeux la force des liens, les émotions… Yasmina voulait être photographe plus jeune tandis que Chantal confie que la photographie permet de “garder les traits” des proches disparus. Lola a photographié un moment heureux comme le mariage de sa maman. La discussion est intime. Je commence par leur parler de mon travail avec la série “Au grand air” réalisée avec JS Saia qui était à l’époque sans domicile fixe.
Puis, je leur parle du projet final avec le fanzine et l’exposition. Yasmina espère que des bénéficiaires de l’épicerie se joindront au projet.
Naturellement vient l’idée de “terre nourricière” et d’aller à la rencontre d’agriculteurs et d’agricultrices qui vendent des produits à l’épicerie. Nous découvrons le travail de Milica Dukic, une artiste serbe qui coud sur des dessins (issus de photographies) imprimés sur des textiles. Tout est possible pour le rendu final. Mandine propose de coudre des pétales de fleur directement sur des portraits. Avec avoir étudié les principales notions de cadrage, nous avons donc commencé par travailler le portrait en intérieur en jouant avec la lumière naturelle. Chacune se prête au jeu.
17.02.2024.
Deuxième atelier
Reportage au sein de la ferme de Chassy et à la boucherie de Breteuil
Deux nouveaux participants sont présents ; Patrick et Sandy. Le mini-bus est prêt. Nous partons à la rencontre de l’un des fournisseurs de l’épicerie solidaire ; Laurent Cnudde qui est agriculteur en agriculture biologique à la Ferme du Chassy. Avant de partir, nous faisons un petit point sur les éléments importants à photographier. Laurent nous parle de son métier et de sa conversion en agriculture biologique. Cet univers agricole réveille des souvenirs. Patrick a lui aussi travaillé dans une ferme dans le passé. Chacun explore les parcelles de la terre situées derrière la scène avec son appareil photo. Le fils de Laurent Cnudde est en train de démonter les serres avec Olivier, un employé de la ferme. C’est le moment propice aux photographies d’action. D’autres, s'éloignent et semblent être attirés par les grands espaces.
Nous terminons l’immersion par un petit tour à la Boucherie de Breteuil. C’est Lola, la plus jeune du groupe qui passe derrière le comptoir pour photographier les bouchers au travail. D’autres, ont choisi de photographier depuis la vitrine du magasin.
Le 23.02.2024.
Troisième atelier
Réunis autour de la table du centre social de Breteuil, nous commençons la séance en discutant de la notion de l’intention d’auteur et du choix d’une écriture dans une série photographique. Que souhaitons-nous raconter et comment ? Dominique rappelle la thématique abordée lors de la première séance autour de la notion de solidarité puisque les acteurs de l’épicerie solidaire de Breteuil sont à la fois les agriculteurs qui fournissent en alimentation (et qui peuvent être, eux aussi, en difficulté) ainsi que les bénéficiaires. La question de la nourriture pourrait donc être centrale. Nous choisirons les photographies finales en lien avec cette thématique de la nourriture et de la solidarité lors de la dernière rencontre. Je leur montre des exemples de travaux photographiques, puis, nous regardons les photographies prises à la ferme de Chassy. Nous observons et commentons les cadrages, notamment pour les portraits. Un couple s’est joint en cours de route à cette séance. Nous abordons les réglages principaux nécessaires à la prise de vues (vitesse, ouverture…) et analysons quelques photographies.
En deuxième partie, nous nous essayons aux prises de vues en extérieur, en pratiquant la photographie de rue et des scènes de vies.
Le 12.03.2024.
Quatrième atelier
C’est l’heure du café habituel. Chacun se raconte les dernières nouvelles. Mandine est absente et deux nouvelles personnes, Mandy, qui est en stage à l’épicerie solidaire ainsi qu'Yvette, une habituée de l’épicerie. Je dispose les tirages sur la table et nous réfléchissons aux créations possibles. Je leur montre les scotchs de couleur ; ils ne sont pas convaincus. Sandy, sort une petite trousse avec du fil à coudre et des aiguilles. Chantale commence à broder tandis que Dominique découpe une photographie pour en créer une image à partir d’une autre photographie qu’elle découpe aussi. Sandy sort de son sac de la toile de jute, qui rappelle les sacs de pomme de terre. Nous décidons de scanner un morceau afin d’observer le rendu. L’équipe choisit d’ajouter un fond en toile de jute autour des œuvres réalisées. “Ce sera authentique avec ce matériel !” glisse l’un deux. Je suis impressionnée par leur créativité. Patrick décide de coller de la ficelle sur les arcs des serres de l’une des photographies. Puis, il enlève tout. “Mais, pourquoi as-tu tout enlever ? C’était si beau !”, lui dis-je. Il recommença à ma grande surprise.
Chacun se consacre sur la photographie choisit et sur les éléments qu’ils souhaitent ajouter. Les photographies étaient en pleine métamorphose, en mutation.
Le 14.03.2024.
Cinquième atelier
Nous reprochons deux nouvelles photographies qui complètent notre série et trouvons le titre de la série “Alimen’Terre” après un petit tour de table.
Voici le temps de la maquette ! Nous réfléchissons aux œuvres qui racontent le plus notre propos et nous les disposons sur une grande feuille blanche.
Puis, nous faisons varier les tailles, les emplacements, etc… Sandy, la cheffe de l’informatique s’occupe de les scanner et de nous montrer le rendu final.
Mandy se dédie à l’écriture du texte, qui est complété oralement par le reste de l’équipe. Les discussions fusent aussi. On oublie le travail et certains se confient. C’est toute la beauté de la création. Finalement, créer devient un prétexte pour mieux nous connaître et nous rapprocher. On se dit au revoir en se donnant rendez-vous pour le vernissage ! Je raccompagne Chantale en voiture. C’est la fée de la broderie. Nous prenons le temps de discuter. J’espère que nous nous reverrons !